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Hypersensibilité : quand l’émotion déborde... ou dissimule autre chose ?


hypersensibilité

Il y a des jours où tout semble trop. Une remarque de travers, un film banal, un bruit mal placé… et l’émotion monte. Elle serre, elle bouscule, elle déborde. Il n’y a pas vraiment de logique, pas vraiment de déclencheur clair. Et pourtant, c’est là. Ce quelque chose d’excessif, de difficile à nommer, mais impossible à nier. Nous l’appelons souvent hypersensibilité, comme un mot-tampon. Un mot-valise. Un mot-refuge, aussi.

Mais que recouvre-t-il vraiment ?

Psychologue à Toulouse, je vous propose de faire le point sur cette problématique psychologique qui fais beaucoup parler d'elle, mais dont la science ne sait pas trancher.










Une hypersensibilité qui ne dit pas toujours son nom


L’étiquette séduit. Elle rassure, elle donne un sens. Elle console presque. Mais dès qu’on s’approche un peu du cœur du sujet, tout devient flou. Il faut commencer par là : l’hypersensibilité n’existe pas dans les manuels de psychopathologie. Elle n’est ni un trouble psychiatrique, ni une structure clinique reconnue. Le concept tel qu’on le connaît aujourd’hui vient de la psychologue américaine Elaine Aron. Elle parle de Highly Sensitive Person, traduit en français par "hypersensible". Elaine Aron regroupe sous cette bannière des réactions émotionnelles fortes, une sensibilité sensorielle accrue, une empathie développée… autant de dimensions qui ne relèvent pas des mêmes mécanismes neurologiques, ni même des mêmes fonctions psychiques. Autrement dit, on regroupe dans un même mot des réalités très différentes, qui n’ont pas nécessairement de lien entre elles. De plus, Aron parle de tempérament hypersensible, tempérament qui est aujourd’hui fortement remis en question. Pourquoi ? Parce que ce qu’on ressent est toujours le produit d’un millefeuille de facteurs : notre éducation, notre enfance, notre système nerveux, notre niveau de fatigue, notre rapport à l’émotion, etc. De plus, certaines études estiment que 20 à 30 % des gens seraient concernés. Mais peut-on parler d’hyper quelque chose si cela concerne presque une personne sur trois ? Peut-on parler d’exception, là où il y aurait presque banalité ?


  • Beaucoup de traits attribués à "l'hypersensible" correspondent en réalité à des manifestations de troubles connus, comme : le trouble de la personnalité borderline, les états anxieux généralisés, les troubles du spectre de l’humeur (bipolarité notamment), ou encore certains troubles de l'attachement.


  • Ce n’est pas une pathologie, mais c’est une problématique, un symptôme. Une forme d’envahissement qui rend parfois notre relation au monde difficile.


  • Comme si chaque émotion prenait trop de place, grignotait tout l’espace disponible, jusqu’à éteindre nos pensées, flouter nos perceptions, court-circuiter notre logique.



 Hypersensible… ou borderline mal diagnostiqué ?


Dans le trouble borderline, l’émotion est trop forte, trop rapide, trop intrusive. Elle envahit la pensée, elle colore la perception, elle détruit la relation. Elle devient le filtre unique par lequel la réalité est vécue. Pas de régulation possible. Pas d’objectivation. Pas de distance. Ce n’est pas juste "ressentir plus fort". C’est ne plus pouvoir penser autrement que par l’émotion. Et c’est là que la confusion est dangereuse. Car en appelant cela "hypersensibilité", nous rendons le phénomène poétique, tolérable, valorisé même. Alors qu’il peut, dans certains cas, relever d’un trouble profond de la régulation émotionnelle. Et surtout, il peut se soigner. Pas avec de la reconnaissance sociale, mais avec un travail thérapeutique rigoureux, lent, structurant. Nommer un trouble par une étiquette flatteuse, ce n’est pas de la bienveillance. C’est de l’évitement. Et parfois, c’est une impasse.


  • Dans le cas du borderline, le tableau est presque calqué : réactivité émotionnelle intense, impulsivité, sentiment d’être incompris, hypersensibilité au rejet.


  • Mais alors, que se passe-t-il quand on met un mot doux — hypersensible — sur une souffrance aiguë ? On déplace le problème, au lieu de l’aborder. Et parfois, cela empêche le bon diagnostic, et donc, la bonne prise en charge.



L’enfance, ce terreau invisible qui façonne notre sensibilité


Beaucoup des patients qui se disent hypersensibles racontent, en creux, une enfance passée à devoir comprendre l’autre avant de comprendre soi-même. Un parent imprévisible, une atmosphère instable, une peur sourde qu’il fallait constamment anticiper. Et pour nous adapter à ce chaos, un seul outil : le ressenti. Alors l’émotion devient langage. Elle devient radar. Elle devient système de défense. Mais ce qui, à l’époque, permettait de survivre… devient plus tard une source de confusion. Nous ressentons tout, tout le temps. Nous cherchons des signaux, même là où il n’y en a pas. Nous interprétons des regards, des silences, des ambiances… souvent au détriment de ce qui est réellement dit. Nous ne savons plus si nous ressentons l’autre ou si nous nous ressentons nous-même en train d’imaginer ce que l’autre ressent.


  • Cette souffrance, quand on creuse, a des racines claires dans des contextes familiaux où il fallait "scanner l’émotion de l’autre pour survivre". Des environnements où l’enfant devait capter l’ambiance, décrypter les intentions, ressentir à la place de comprendre.


  • Ce mode de survie émotionne finit par devenir un mode de fonctionnement adulte. Une tentative de régulation.


  • L’émotion ne sert plus à ressentir — mais à prédire, à se protéger, à se maintenir à flot.



Ce n’est pas qu’une émotion forte. C’est une émotion qui empêche de penser.


Ce qui fait souffrance n’est pas forcément l’intensité émotionnelle elle-même, mais la place qu’elle prend. Elle déborde. Elle s’impose. Et parfois, elle court-circuite toute tentative de mise à distance. C’est comme si notre pensée devenait secondaire. Nous savons ce que nous ressentons — très fort, très clairement, très vite — mais nous n’arrivons pas à penser autour, ni à contextualiser, ni à relativiser. L’émotion devient une vérité brute, une évidence indiscutable. Mais ce que nous ressentons n’est pas toujours le reflet de ce qui est. C’est un filtre. Une loupe. Une réponse. Et dans certains cas, une réaction à un vécu passé qui n’a pas été digéré, mais qui continue à surgir dans des situations pourtant nouvelles.


  • Nous vivons les situations comme si elles étaient contre nous. Et c’est là que l’émotion devient problème. Quand elle n’est plus un signal, mais une prison perceptive.



Apprendre à réguler sans renier


Apprendre à apprivoiser notre sensibilité, c'est possible. Non pas pour la faire taire, mais pour l’aider à coexister avec notre pensée.

Le premier pas, souvent, c’est de nommer. Mettre des mots. Pas juste "je suis triste", mais : je suis blessé, frustré, inquiet, agacé, abandonné. L’émotion, une fois différenciée, perd déjà un peu de son emprise.

Puis vient le temps du souffle. Du retrait intérieur. Cette pause — parfois minuscule — qui permet à la sensation de redevenir information, plutôt que seule vérité.

Enfin, il y a ce mouvement de décentration, qui consiste à nous rappeler que tout ce que nous ressentons n’est pas forcément "adressé à nous". Tout ne nous vise pas. Tout ne parle pas de nous. Et cette phrase-là, souvent, allège déjà un peu la charge.


  • 1) Nommer 2) Souffler 3) Se décentrer.



De l’étiquette à l’expérience : que faire de ce mot ?


Ce qui est piégeant, avec le mot "hypersensibilité", c’est qu’il rassure autant qu’il enferme. Il donne une explication. Il donne un cadre. Mais parfois, il se fige en identité. Et dès lors que nous nous y identifions, nous nous empêchons de bouger. Nous nous disons "je suis hypersensible" au lieu de nous dire : je ressens trop fort, en ce moment, et ça me gêne. Le premier enferme. Le second ouvre une porte. L’émotion n’est pas un ennemi, mais elle n’est pas un guide infaillible non plus. Elle est une influence, pas une destination. C’est dans l’espace subtil entre ce que nous ressentons et ce que nous choisissons d’en faire… que se joue notre liberté d'être et d'agir.


  • Quand nous disons "je suis hypersensible", ce que nous disons souvent, c’est : je n’arrive pas à penser quand je ressens ,et je ressens trop souvent, trop fort, trop longtemps.



Conclusion

L’émotion est un mouvement. Mais si elle devient immobilisante, elle mérite d’être regardée d’un peu plus près. Non pas pour être niée, mais pour être remise en circulation. L’hypersensibilité, quand elle devient identitaire, quand elle devient refuge ou totem, risque de nous empêcher de voir ce qui, en nous, aurait pu se soigner. C'est un vase émotionnel qui déborde. Un cheval intérieur qui galope sans bride. Et si nous n’apprenons pas à reprendre les rênes, ce n’est pas le monde qui va s’adapter à nous, c’est nous qui allons nous perdre dans le monde.

Alors non, l’idée n’est pas de faire taire l’émotion. Ni de la juger. Ni de l’enfouir. Mais de lui redonner sa juste place. Qu’elle puisse coexister avec notre pensée, avec notre lucidité, avec notre pouvoir d’agir. Parce qu’un jour, il faudra bien choisir : faire de notre sensibilité un abri ou une armure, un signal de présence au monde, ou une excuse pour s’en protéger.






 

Linda Ducasse - Psychologue à Toulouse



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