
La dépendance affective devient une véritable source de préoccupation. Bien qu’elle ne soit pas reconnue comme un trouble à part entière dans les classifications psychiatriques, elle s’apparente à la personnalité dépendante ou à la personnalité borderline. Selon le DSM-5, le trouble de la personnalité dépendante se manifeste par un « besoin général et excessif d’être pris en charge, conduisant à un comportement soumis et collant, ainsi qu’à une peur extrême de la séparation, apparaissant au début de l’âge adulte et se manifestant dans divers contextes ». Parmi les principales caractéristiques de ce trouble, on trouve l'idéalisation du partenaire, la peur de la solitude et de la rupture, l'obsession pour le partenaire, une faible estime de soi et une tendance à la soumission (Castelló, 2005). Certains critères spécifiques sont nécessaires pour conclure à ce trouble, ce qui relève de l’évaluation d’un professionnel. Psychologue à Toulouse, je vous propose de faire le point.
Ce que personne ne vous dit sur la dépendance affective, c'est que nous avons besoin d'attachement : la base de tout
La dépendance est souvent perçue négativement, faisant que dès lors que nous ressentons le moindre sentiment de dépendance envers autrui, nous avons tendance à nous auto-diagnostiquer comme étant « dépendants affectifs ». Cela n’a rien de surprenant, car notre société valorise fortement l'indépendance et la liberté, ce qui peut créer des peurs et des conflits intérieurs autour d'un besoin pourtant universel : le besoin d'attachement. Ce besoin d'attachement est lié à la période de dépendance absolue vécue en tant que nourrisson, lorsque nous avions besoin des adultes pour vivre, être protégés et rassurés. Si, durant cette période, nous n'avons pas été suffisamment sécurisés — soit par une trop grande fusion, soit par une trop grande distance — il devient plus difficile à l'âge adulte de s'éloigner des autres tout en gardant un sentiment de sécurité intérieure. Cela peut poser les bases d'un attachement insécurisant. Bien sûr, d'autres facteurs comme la culture, la biologie et les interactions sociales influencent également cette dynamique. Cependant, cela rappelle une vérité fondamentale : l'être humain a besoin de l'autre pour vivre. À l'âge adulte, ce besoin s'exprime à travers des interactions sociales allant des plus triviales (se nourrir grâce à des fournisseurs extérieurs, faire appel à des services) aux plus subtiles (recevoir de l'intérêt, rester en lien, partager des repas, dormir ensemble, etc.). Si certains mécanismes psychologiques (peur de l'abandon, besoin de validation, etc.) peuvent conduire à une dépendance excessive, ils ne sont pas toujours faciles à distinguer d'un besoin légitime d'attachement et de sécurité auprès de l'autre.
Un nourrisson privé d'attachement peut se laisser mourir, une condition connue sous le nom de dépression anaclitique, observée pendant les guerres.
Il est donc irréaliste de voir la dépendance et l'indépendance de manière monolithique : nous sommes plus ou moins dépendants et autonomes selon un large éventail de besoins matériels et immatériels.
Il est évident que nous ne sommes pas réceptifs de la même manière à ces besoins, et que cette dynamique évolue au cours de la vie, de la dépendance absolue du nourrisson, au développement de l'autonomie relative de l'adulte jusqu'à un retour croissant de la dépendance avec l'avancée en âge.
De l'Idéalisation à l'Asphyxie
Nous allons aborder ce qui peut favoriser une dépendance problématique dans les relations, à commencer par l'idéalisation du partenaire. Cette idéalisation est naturelle au début d'une relation. Cependant, pour certaines personnes, le passage à la désidéalisation (ou désillusion) est insupportable, rejeté ou reprochée à l'autre, de sorte que la relation se maintienne en évitant à tout prix une rupture, parfois nécessaire. Cela est lié à une faible capacité à accepter que l'autre ne soit pas comme nous, que ses besoins et ses limites soient différents. Pour une personne ayant eu des difficultés lors des séparations avec ses figures de soin primaires, ces moments sans l'autre peuvent être vécus comme des effondrements psychiques. Pour surmonter cela, certaines personnes adoptent des comportements : difficulté à prendre des décisions sans être excessivement conseillé ou rassuré, besoin que l'autre assume une grande part de responsabilités, difficulté à exprimer un désaccord ou à initier des projets seul, recherche constante d'appui au point de faire des choses volontairement désagréables, malaise ou souffrance dans la solitude par crainte de ne pas pouvoir se débrouiller, recherche urgente d'un nouveau partenaire pour assurer soins et soutien, et préoccupation irréaliste d'être laissé à se débrouiller seul. Cela peut mener à une asphyxie pour le partenaire, relégué à un rôle de béquille plutôt que de véritable partenaire amoureux, avec une dépendance croissante et amalgamé au sentiment amoureux.
Si l'autre s'éloigne de nous, c'est comme si nous n'avions plus de valeur, car nous ne savons pas qui nous sommes sans lui. Il nous faudra alors apprendre à nous connaître sans le regard de l'autre, car nous ne nous sentirons jamais en sécurité avec quelqu'un si nous ne construisons pas d'abord cette sécurité en nous-mêmes.
Vouloir être rassuré et valorisé est normal, mais si cela devient systématique, nous sommes alors dans une position d'enfant plaignant. En tant qu'adulte, nous devons nous servir de l'amour contenu dans la relation pour nous valoriser et nous sécuriser seul. Ce n'est pas à l'autre de toujours le faire à notre place.
L’illusion de l’amour mérité : Donner pour exister
Le sentiment d'être abandonnable, de ne pas être intéressant, de ne pas être suffisamment séduisant, de ne pas pouvoir répondre à ses besoins de manière autonome, d'avoir l'impression de devoir corriger énormément de choses chez soi pour qu'une relation fonctionne… toutes ces choses traduisent un manque d'estime de soi, c'est-à-dire de la valeur que nous nous attribuons en tant que personne. Ce manque d'estime de soi est à l'origine des efforts extrême chez la personne pour garder l'autre près de soi, de peur qu'il s'en aille. Comme si l'amour devait être mérité, et qu'en l'absence de ces efforts, l'autre risquait de se désintéresser de nous et de nous laisser. Nous redoutons des choses qui, à force de leur accorder de l'importance, finissent par devenir réelles par nos pensées et comportements. La peur finit par envahir notre capacité à nous comporter comme nous pourrions l'être si toute notre attention n'était pas focalisée sur ce que nous devrions être. Cette tyrannie de ne jamais être assez bien peut favoriser une violence envers nous-mêmes et/ou sur l'autre, comme le montrent certaines études sur la corrélation entre dépendance émotionnelle et violence conjugale. Souvent, les personnes ayant une personnalité dépendante se mettent en couple avec des personnes qui aiment être valorisées et exercer une toute-puissance sur les autres. Ces personnes abusent souvent des plus dépendantes, car elles ne posent pas de limites et redoutent de déplaire. Lorsque ces personnes cessent d'être dépendantes des autres pour s'aimer, elles cessent d'être attirées par des relations abusives et vont vers des relations plus équilibrées, d'égal à égal.
Un schéma se met en place : des efforts considérables sont faits pour être aimé, mais comme nous en faisons trop, nous sommes rejetés. Nous pensons que nos efforts n'étaient pas suffisants et recommençons à faire des efforts considérables, répétant ainsi plusieurs abandons successifs sans traiter la véritable cause.
Vers une meilleure sécurité affective
L'enjeu est de développer une meilleure estime de soi en nous-même, et non de la chercher chez les autres. Il faut retrouver un sentiment de sécurité quand nous sommes seuls, sans l'autre à nos côtés pour nous rassurer, et sans que la solitude ne soit associée à un vide insurmontable. Ce que personne ne vous dit sur la dépendance affective, c'est que le premier aspect à travailler est d'identifier les besoins affectifs dont nous avons manqué et que nous avons tendance à rechercher chez les autres. Cela représente un travail difficile, car les personnes dépendantes ont souvent des difficultés à écouter et prendre en compte leurs propres besoins. Il faudra ensuite associer ces besoins aux émotions, pensées et comportements qui en découlent. Plus nous nous connaissons, plus nous savons donner, demander, recevoir et refuser. Développer ce savoir-être favorise des relations équilibrées, sans se perdre dans le don à l'autre. La croyance à abandonner est celle qui consiste à penser que nous devons donner sans compter pour être aimés. Pour être aimé, il faut d'abord s'aimer, se poser des limites et savoir dire non. Il faut aussi s'apporter à soi-même ce que nous attendons des autres (par exemple : "Je demande à l’autre de m’accepter, mais comment moi je m’accepte ?"). Enfin, il est important de travailler le rapport à l'échec, car être responsable de soi-même implique aussi le risque de faire des erreurs, souvent évité en demandant à l'autre d'être responsable à notre place.
Plusieurs stratégies peuvent être envisagées en thérapie, en fonction de la personnalité et des ressources du patient. Dans tous les cas, ce sont les petites actions réalistes quotidiennes qui conduisent à un grand résultat.
Être capable de rester seul peut être perçu comme une "dépendance heureuse", où la présence des autres, bien qu'importante, reste en nous en leur absence comme une mémoire qui nous sécurise, peu importe où nous sommes.
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Linda Ducasse - Psychologue à Toulouse
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